Domme se raconte

J'étais à moitié endormi sur un banc de pierre le long des remparts...

La Porte des Tours devient une prison des Templiers !

La Bastide de DOMME se raconte
Nous proposons aux acteurs du tourisme et des territoires une autre façon de saisir l’histoire : en laissant parler les objets, le patrimoine, leur âme ! 
Le visiteur, et l’habitant bien sûr, entrent dans une dimension différente, plus émotionnelle, plus intime et plus « vraie ». Le sens émerge, et le contenu historique n’est plus le même. Ici, la Bastide n’essaie pas de se vanter, ni de se situer dans une déluge savant de dates. Elle exprime une vérité bien différente du discours touristique et publicitaire : elle a vécu des époques terribles, des souffrances dont le patrimoine est la trace…


Ecoutez la Bastide de Domme me raconter

Je me reposais, un soir d’été, le long des remparts, car il y a dans la pierre des bancs médiévaux…
Quelle surprise quand j’ai entendu… la Bastide me parlait !

 

 

 


La grotte de DOMME

Le podcast

La cité médiévale de DOME était déjà un des hauts lieux du tourisme en Périgord noir, mais les visiteurs ne se doutaient généralement pas de la présence sous le centre même de la bastide d’une grotte aux 450 m de galeries. Une grotte d’une beauté naturelle sauvage presque en effet on y descendait quasiment comme des spéléologues… Aujourd’hui elle devient l’un de ces endroits que vous pouvez vivre bien au-delà du voyage, de la curiosité, du plaisir de la découverte : c’est un espace de pure magie. La bastide en surface garde tous les charmes des maisons des temps très anciens, des rues et des vieux murs de pierre blonde de cette période favorable du Moyen-Âge qui a vu un urbanisme « moderne » se déployer, celui des bastides. Les bastides avec leurs rues perpendiculaire et larges.
C’est des profondeurs de la terre que vient ce second et magnifique trésor conçu avant même l’existence de l’homme, issu du fond des âges, du travail du minéral qui se marie à l’action de l’eau, comme pour emporter notre imagination vers des formes invraisemblables, des voluptés d’entrelacements, des couleurs dans les roses, dans les bleus et les blonds, puis dans les blancs puissants de l’esprit.
Des couleurs qui aujourd’hui apparaissent du fait d’une modernité bien plus récente l’éclairage du plus profond de la terre qui révèle un autre monde et qui nous propulse dans un autre rapport ou temps.
Des hommes d’aujourd’hui ont travaillé à ce miracle. Mais nous ne sommes pas ici dans une reconstitution artificielle : c’est un véritable parcours souterrain dans lequel nous immerge la grotte, une authentique ballade dans les profondeurs de la terre et avec les éclairages subtils ce sont les couleurs naturelles des colonnades, les plafonds brillants de milliers de stalactites et de fistuleuses, les stalagmites, les translucides draperies et des miroirs d’eau qui nous proposent une myriade de spectacles magiques, de rêves inouïs, de formes que la lumière laisse surgir.
On voudrait y rester, méditer, retrouver dans ces êtres de pierre et d’eau, dans les reflets et les irisations des petits lacs, toutes les vies passées et futures du monde… car elles sont là à portée de pensée, si proches de notre corps qui dans les profondeurs de la terre s’est transmuté régénéré identifié aux myriades de possibilités d’être et se sentir. Tout ce que les explorateurs de cavernes ont cherché d’inattendu et simplement là si profond, en nous.

Ecoutez directement sur votre téléphone !


Jacquou le Croquant et le temps des jacqueries

Connaissez-vous l’excellent site Littérature audio ? C’est une association dont l’objet est de objet de « faciliter l’accès de tous et en particulier des non-voyants et malvoyants aux joies de la littérature. » Nous pouvons tous en bénéficier, en effet, grâce au travail de bénévoles.
Quant à nous, Love France, nous pouvons mettre à disposition leur travail de manière contextualisée, comme ici, à propos du Périgord et de Domme, qui entretient la légende de Jacquou le croquant. 
Notre but est aussi de contextualiser les territoires dans l’histoire et par la recherche scientifique. France Culture est une mine incroyable des connaissances d’aujourd’hui !

L’histoire des Jacqueries commence avec la Grande Jacquerie de 1358. C’ est un soulèvement de paysans qui touche les campagnes d’Île-de-France, de Picardie, de Champagne, d’Artois et de Normandie, lors de la guerre de Cent Ans (que le Périgord a bien connue !). Ce fût une période de grande crise politique, militaire et sociale. Cette révolte tire son nom de Jacques Bonhomme, figure anonyme du vilain, puis sobriquet désignant le paysan français, probablement du fait du port de vestes courtes, dites jacques. Elle eut pour chef un dénommé Guillaume Carle, aussi nommé Jacques Bonhomme1.

L’émission de France Culture va plus en profondeur dans l’explication des Jacqueries, et notamment dans l’analyse de l’expression des révoltes populaires dans notre histoire.
Historiquement, au-delà du roman, que sont les jacqueries ? Une émission sur France Culture.

Le texte du livre d’Eugène Le Roy « Jacquou le croquant est disponible ici sur Wikisource

Voici le début du 1er chapitre

Le plus loin dont il me souvienne, c’est 1815, l’année que les étrangers vinrent à Paris, et où Napoléon, appelé par les messieurs du château de l’Herm « l’ogre de Corse », fut envoyé à Sainte-Hélène, par delà les mers. En ce temps-là, les miens étaient métayers à Combenègre, mauvais domaine du marquis de Nansac, sur la lisière de la Forêt Barade, dans le haut Périgord. C’était le soir de Noël ; assis sur un petit banc dans le coin de l’âtre, j’attendais l’heure de partir pour aller à la messe de minuit dans la chapelle du château, et il me tardait fort qu’il fût temps. Ma mère, qui filait sa quenouille de chanvre devant le feu, me faisait prendre patience à grand’peine en me disant des contes. Elle se leva enfin, alla sur le pas de la porte, regarda les étoiles au ciel et revint aussitôt :

— Il est l’heure, dit-elle, va, mon drôle[1] ; laisse-moi arranger le feu pour quand nous reviendrons.

Et aussitôt, allant quérir dans le fournil une souche de noyer gardée à l’exprès, elle la mit sur les landiers et l’arrangea avec des tisons et des copeaux.

Cela fait, elle m’entortilla dans un mauvais fichu de laine qu’elle noua par derrière, enfonça mon bonnet tricoté sur mes oreilles, et passa de la braise dans mes sabots. Enfin ayant pris sa capuce de bure, elle alluma le falot aux vitres noircies par la fumée de l’huile, souffla le chalel pendu dans la cheminée, et, étant sortis, ferma la porte au verrou en dedans au moyen de la clef-torte qu’elle cacha ensuite dans un trou du mur :

— Ton père la trouvera là, mais qu’il revienne.

Le temps était gris, comme lorsqu’il va neiger, le froid noir et la terre gelée. Je marchais près de ma mère qui me tenait par la main, forçant mes petites jambes de sept ans par grande hâte d’arriver, car la pauvre femme, elle, mesurait son pas sur le mien. C’est que j’avais tant ouï parler à notre voisine la Mïon de Puymaigre, de la crèche faite tous les ans dans la chapelle de l’Herm par les demoiselles de Nansac, qu’il me tardait de voir tout ce qu’elle en racontait. Nos sabots sonnaient fort sur le chemin durci, à peine marqué dans la lande grise et bien faiblement éclairé par le falot que portait ma mère. Après avoir marché un quart d’heure déjà, voici que nous entrons dans un grand chemin pierreux appelé lou cami ferrat, c’est-à-dire le chemin ferré, qui suivait le bas des grands coteaux pelés des Grillières. Au loin, sur la cime des termes et dans les chemins, on voyait se mouvoir comme des feux follets les falots des gens qui allaient à la messe de minuit, ou les lumières portées par les garçons courant la campagne en chantant une antique chanson de nos pères, les Gaulois, qui se peut translater ainsi du patois :

 

   Nous sommes arrivés,
Nous sommes arrivés,
À la porte des rics, (chefs)
Dame, donnez-nous l’étrenne du gui !…
Si votre fille est grande,
Nous demandons l’étrenne du gui !
Si elle est prête à choisir l’époux,
Dame, donnez-nous l’étrenne du gui !…
Si nous sommes vingt ou trente,
Nous demandons l’étrenne du gui !
Si nous sommes vingt ou trente bons à prendre femme,
Dame, donnez-nous l’étrenne du gui !…

 

Lorsque nous fûmes sous Puymaigre, une autre métairie du château, ma mère mit une main contre sa bouche et hucha fortement :

— Hô, Mïon !

La Mïon sortit incontinent sur sa porte et répondit :

— Espère-moi, Françou !


Mémoires du Périgord : DOMME avec Michel O.

Interview – 1ère partie. Ancêtres – Agriculteurs – Séchoirs à tabac – Vente directe des produits locaux